Panorama auzon amont

Notre département subit actuellement une sécheresse particulièrement grave associée à des canicules répétées. Ces épisodes secs qui se succèdent et s’aggravent à chaque fois, 2003, 2011, 2015, 2017, 2018, 2019 avec des records de températures battus quasi systématiquement relient sans aucun doute ce phénomène au changement climatique global.

Les conséquences sont une baisse importante du niveau des nappes phréatiques, la sécheresse des sols qui atteint des records, et la baisse drastique du débit des rivières et cours d’eau qui sont de plus en plus nombreux et souvent à sec.

Devant cette situation particulièrement grave Indre Nature a tenu à faire part au préfet de son inquiétude et à lui demander des mesures de gestion immédiate de la ressource en eau ainsi que la mise en place d’un groupe de travail pour réfléchir collectivement aux mesures nécessaires à prendre dans les années qui viennent pour une gestion durable de l’eau dans le département.

En effet le constat que fait Indre Nature est le suivant :

  • Les premières victimes trop souvent oubliées de ces sécheresses à répétition sont les milieux naturels aquatiques. Déjà très affaiblis par la pollution aux nitrates et pesticides et résidus médicamenteux, la faune aquatique terrestre, poissons, invertébrés – insectes, mollusques, est quasi disparue en à peine quelques dizaines d’années. Autrefois riches en truites, éphémères, moules d’eau douce, nos cours d’eau sont à l’agonie et se vident de toute vie biologique dans l’indifférence générale. C’est un patrimoine naturel et un atout de notre territoire qui disparait. Or aucune mesure de préservation n’est envisagée alors qu’il en existe.
  • La production agricole est également victime de cette situation d’autant plus que malgré les avertissements bon nombre d’agriculteurs n’ont pas anticipé la crise climatique et poursuivi certaines pratiques qui renforcent l’effet de la sécheresse comme l’intensification de l’élevage avec des chargements à l’hectare trop élevés, le semis de cultures d’été gourmandes en eau comme le maïs, la poursuite des drainages. La production agricole bénéficie cependant à l’inverse des milieux naturels, de toute l’attention médiatique et de mesures de solidarité nationale inexistantes pour les milieux naturels. Mais une révision des modèles de production agricole est désormais incontournable.
  • La population dans son ensemble court aussi le risque d’être victime de la situation dans le cas fort probable où localement vont finir par se produire des problèmes d’approvisionnement en eau potable soit par épuisement de la ressource soit par détérioration de la qualité rendant l’eau impropre à la consommation. Le risque de pollution des eaux des rivières est accentué en cette période de forte sécheresse par les apports des stations d'épuration dont la dilution est actuellement très faible, et peut devenir rapidement excessif dans certains bassins en crise.
  • Or, bien que le sujet de la ressource en eau soit un problème majeur concernant la vie de notre département et dont l’importance ne va faire que s’accroître dans le contexte de changement climatique, il n’existe aucun lieu de discussion et de réflexion entre tous les acteurs et utilisateurs de cette ressource dans notre département.
  • L’indifférence de tous les décideurs administratifs ou politiques à ce sujet est totale, preuve en est que l’Indre est la seule rivière affluent de la Loire ne bénéficiant pas d’un SAGE (Schéma d’Aménagement et de Gestion de l’eau).
  • Le seul lieu actuellement où se discute l’utilisation de l’eau est l’Observatoire de la Ressource en Eau (ORE) chargé uniquement de donner un avis sur les propositions d’arrêtés de restriction d’utilisation de l’eau et les demandes de dérogation pour l’irrigation. Dans les faits cela limite le rôle de cette instance à discuter principalement avec les irrigants qui y sont sur-représentés . Il est purement aberrant de ne pouvoir discuter de la ressource en eau qu’avec des irrigants qui ne représentent même pas 3% des agriculteurs. De plus nous constatons que malgré les arrêtés de restriction quelques agriculteurs irrigants provocateurs et irresponsables se contrefichent des arrêtés de restriction et arrosent quelle que soit l’heure de la journée en suscitant l’indignation d’une grande partie de la population qui nous interpellent à ce sujet.

Devant ces constats notre association demande au préfet :

  • Que l’ensemble du département soit placé en dispositif de crise
  • Que tous les moyens soient mis en œuvre pour faire respecter les arrêtés de restrictions et que les irrigants irresponsables pourtant bien connus qui arrosent en plein midi soient verbalisés. Ce sont ces individus qui donnent la pire image de l’agriculture. Il serait souhaitable que la profession agricole fasse aussi le ménage dans ses rangs. Nous rappelons que les maires disposent également d’un pouvoir de police générale, administrative et judiciaire et peuvent eux-mêmes intervenir auprès des contrevenants.
  • Que dans les bassins en DCR il y ait interdiction totale d’utiliser les forages pour l’irrigation quelle que soit la nature de la nappe sous-jacente.
  • La mise en place dans les plus brefs délais par le préfet d’un groupe de travail sur l’utilisation de la ressource en eau dans le département. Ce groupe de travail pourrait faire partie du Plan d’adaptation au changement climatique dont notre département doit se munir. Compte tenu de l’urgence environnementale nous souhaitons bien évidemment que les représentations au sein de ce groupe de travail soient équilibrées.

 

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