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Le développement de la culture de bambous en Brenne, une menace pour la biodiversité brennouse
Depuis quelques mois, une nouvelle production agricole se développe en Brenne, la culture de bambous. Cette nouvelle culture est portée par de gros investisseurs, en premier lieu Xavier Niel PDG de Free récent acquéreur de plusieurs centaines d’hectares en Brenne, avec une forte campagne de communication menée par la start-up Horizom se présentant comme une « entreprise d’agriculture régénératrice ». Cette campagne met en avant les vertus écologiques de cette culture et son intérêt économique, promettant aux agriculteurs démarchés directement une marge brute de 2500 €/ha, le pactole !
En fait, ces revenus attendus ont peu à voir avec l’agriculture. Ils reposent surtout sur le recours au dispositif de « crédits carbone » vendus sur le marché mondial, conçus comme un instrument de lutte contre le changement climatique, mais permettant en réalité d’acheter des droits à polluer, et sur la production de matériaux substituts au plastique issu de l’industrie pétrolière. Cela peut sembler vertueux au premier abord. À l’examen, la réalité l’est beaucoup moins. En s’installant délibérément au sein d’un parc naturel régional dont la biodiversité est reconnue jusqu’au niveau international, dans une zone où la biodiversité est encore riche, mais aussi fragile et menacée, cette culture détruit les derniers habitats de certaines espèces rares et menacées dont la Brenne est un des derniers refuges. Nous constatons ainsi la destruction d’anciennes jachères pour y implanter une culture de bambous. Ce site historique de reproduction du Courlis cendrés fait l’objet d’un suivi scientifique par Indre Nature financé par la DREAL Centre Val de Loire, car il ne reste que 25 couples de Courlis cendré dans l’Indre. En surfant sur la vague du carbone pour continuer à faire du profit, cette production risque de stériliser la biodiversité de la Brenne.
Une bambouseraie est en effet un milieu stérile pour la biodiversité. Elle est de plus gourmande en eau à une saison, l’été, où l’eau est rare. Elle est envahissante par ses racines traçantes très difficiles à contenir. Elle n’est pas locale, ce qui explique que les espèces sauvages, animales comme végétales, n’y sont pas adaptées.
Ce qui peut apparaître comme une bonne idée, capter du carbone pour le vendre sur le marché mondial et contribuer ainsi à sauver la planète, se transforme en un monstre qui dévore la faune et la flore locale.
En à peine un an en Brenne, les surfaces concernées par les plantations d’un bambou géant originaire de Chine, plus de 1000 ha, ont déjà dépassé les surfaces protégées que sont les réserves naturelles, à peine 700 ha péniblement accumulés en quatre décennies et dont chaque extension est accusée de « mettre sous cloche » le territoire.
Sur un territoire à enjeux de biodiversité forts comme celui du Parc Naturel de la Brenne, il est incompréhensible qu’il n’y ait aucune concertation sur le développement de cette filière bambou. INDRE NATURE demande que le développement de cette filière soit limité, géré et concerté entre toutes les parties prenantes de façon urgente !