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Recherche de la Grande Mulette et de ses poissons hôtes
La Grande Mulette est le bivalve d’eau douce, considéré comme le plus menacé d’Europe. Cette espèce présente un cycle de vie particulier : ses larves parasitaires, appelées glochidies, se fixent temporairement sur les branchies de certains poissons pour se développer avant de se détacher et de s’enfouir dans les sédiments sous forme de petites moules.
Plusieurs espèces hôtes de la Grande Mulette sont absentes ou ont disparu du département de l’Indre, comme l’Esturgeon européen (Acipenser sturio) et l’Épinoche à trois épines (Gasterosteus aculeatus). D’après plusieurs études, d’autres sont supposés jouer ce rôle, notamment l’Anguille européenne (Anguilla anguilla), la Lamproie marine (Petromyzon marinus) et le Silure glane (Silurus glanis).
De 2003 à 2011, plusieurs valves de Grande Mulette ont été récoltées dans la vallée de l’Indre. La présence historique de l’espèce pouvait laisser espérer qu’une population relictuelle soit encore présente.
Partant de ce postulat, Indre Nature et la Fédération de Pêche de l’Indre se sont associés pour monter une étude ayant pour objectif de recherche cette espèce et ses poissons hôtes. Cette étude a pu bénéficier du soutien technique de l’Office Français de la Biodiversité et du soutien financier de l’État via le Fonds vert.
Pour mener à bien cette étude, les recherches ont reposé sur une méthode innovante et non intrusive : l’ADN environnemental (ADNe).
Cette technique permet de détecter les traces génétiques laissées par les organismes (mucus, écailles, fèces, urine, …) dans leur milieu, offrant ainsi la possibilité d’inventorier la biodiversité présente sans perturber les espèces. Au total, 50 prélèvements ont été réalisés sur plusieurs grands cours d’eau du département théoriquement favorables à la Grande Mulette : l’Anglin, le Cher, la Creuse, le Fouzon et l’Indre.

Les analyses n’ont malheureusement révélé aucune trace de la Grande Mulette, laissant supposer que l’espèce soit désormais disparue du département, malgré la présence avérée de plusieurs de ses poissons hôtes potentiels tels que l’Anguille européenne, la Lamproie marine et le Silure glane. Toutefois, cette campagne d’échantillonnage a permis de ollecter plus de 870 données sur la faune «bivalves» et «poissons», en un temps particulièrement court. Parmi les découvertes remarquables figurent trois nouvelles espèces de la famille des Spheriidae identifiées pour la première fois dans le département, dont deux constituent également des premières mentions pour la région Centre-Val de Loire.
Du côté de la faune piscicole, l’étude a permis de mettre en évidence la présence d’espèces patrimoniales intéressantes au-delà des poissons hôtes de la Grande Mulette. Parmi ces espèces, la Grande Alose (Alosa alosa) qui a été détectée dans trois cours d’eau : l’Anglin, le Cher et la Creuse. D’autres espèces remarquables ont aussi été recensées, telles que la Truite de rivière (Salmo trutta), la Vandoise rostrée (Leuciscus burdigalensis), et le Saumon atlantique (Salmo salar), bien que pour ce dernier, il puisse s’agir d’une trace de saumon issue de la consommation humaine ou de la détection de juvéniles (tacons).
Bien qu’aucune trace de la Grande Mulette n’ait été trouvée, ce projet représente une avancée significative pour la connaissance et le suivi de la biodiversité aquatique du département. Il s’inscrit pleinement dans une dynamique d’accompagnement des politiques publiques en faveur de la préservation des milieux aquatiques et des espèces patrimoniales.
Les données recueillies viennent enrichir les connaissances locales et régionales et apportent un soutien précieux aux acteurs du territoire (collectivités, services de l’État, etc.) dans leurs projets d’aménagement.
En fournissant des éléments scientifiques précis et actualisés, ce travail contribue à une meilleure prise en compte des enjeux de biodiversité aquatique dans les actions territoriales.