[ÉPISODE 3] – Genèse du projet d’étude des marouettes de Brenne

Les données historiques sur les marouettes de Brenne nous ont conduit à mener des recherches opportunistes et préliminaires à ce projet, en 2024. Des données contemporaines sur la présence des trois espèces de marouettes en période de nidification ont motivé ces recherches. Des prospections sont effectuées d’avril à juillet, en sondant des sites à priori favorables, de nuit, à l’aide de paraboles. 

Des contacts de mâles chanteurs des trois espèces sont obtenus. La persévérance des recherches a permis de découvrir deux familles de Marouette de Baillon, sur un étang emblématique de Brenne, ayant bénéficié de travaux de restauration écologique. Les dernières preuves de nidification de l’espèce dans la région remontaient à 1958 !

Le projet d’étude des marouettes de Brenne est donc né de ces constats :

• Ce sont des espèces rares et méconnues ;
• Ce sont des espèces menacées ;
• Les connaissances sur ces espèces sont lacunaires ;
• La Brenne est une zone d’étude idéale : riche de plus de 3000 étangs, et historiquement réputée pour accueillir des marouettes ;
• Il existe des données contemporaines sur la présence des trois espèces dans la région en période de nidification.

Les objectifs de cette première année d’étude étaient :

• De développer un protocole de suivi avec du matériel adapté ;
• D’automatiser la détection des chants ;
• D’améliorer les connaissances sur la phénologie des marouettes ;
• De savoir si les oiseaux chanteurs en Brenne sont des nicheurs ou des migrateurs ;
• De savoir quelles espèces sont nicheuses dans la région ;
• De connaître les sites d’intérêt prioritaire pour leur conservation ;
• D’obtenir une estimation plus fiable du nombre de mâles chanteurs par espèce. 

Ces espèces sont rares, essentiellement nocturnes, et détectables par leurs chants, car souvent invisibles dans le dédale de la végétation luxuriante des bords d’étangs. Leur détection est donc rare et aléatoire.

Il nous fallait donc trouver un moyen d’étudier ces espèces, tenant compte de leurs mœurs et de leur discrétion. 

Nous nous sommes immédiatement tournés vers la bioacoustique, avec l’idée de déployer des stations d’enregistrement autonomes. La faisabilité du projet tenait essentiellement sur ces piliers :

1. Avoir des stations d’enregistrement résistantes aux intempéries, autonomes (batterie, stockage), programmables, peu onéreuses, et simples d’utilisation, pour en déployer sur un maximum de sites par un maximum d’opérateurs.
2. Avoir un modèle qui permet la détection automatique des vocalises de marouettes sur les enregistrements sonores, afin de traiter des volumes conséquents.
3. Établir une stratégie d’échantillonnage.

Pour cette première année d’étude, une quarantaine de stations d’enregistrement ont été déployées sur une trentaine de sites en Brenne. La sélection s’est faite en fonction des données historiques, des habitats à priori favorables, et des autorisations d’accès.

Le détail des matériels et méthodes dans le prochain épisode !