Busard SHX 201906rLe Busard cendré (Circus pygargus) et le Busard Saint Martin (Circus cyaneus) sont deux rapaces de plaine présents dans le département de l’Indre où ils nichent et se reproduisent. Ces deux espèces de rapaces ont la particularité de nicher au sol, au milieu de cultures de céréales ou de prairies. Ils sont de ce fait particulièrement vulnérables en raison de l’avancée régulière des dates de récolte et la mécanisation des moyens de récolte. Les dates d’envol s’étalant de début juillet à début août, les jeunes busards ne sont pas toujours complètement autonomes et aptes à l’envol au moment de la récolte de la parcelle dans laquelle est situé leur nid. C’est la raison pour laquelle, dans plusieurs endroits en France, des naturalistes bénévoles se mobilisent pour repérer les nids et, en collaboration avec les agriculteurs exploitants les parcelles concernées, mettent en place des mesures de protection permettant à la fois la sauvegarde des nids et des jeunes busards et, à l’agriculteur, de réaliser sa récolte. Au sein d’Indre Nature, un groupe de bénévoles participe depuis 2019 à ce « Réseau Busard » national en menant une action de protection des busards sur le territoire de la Champagne berrichonne et du Boischaut nord.

Lors d’une conférence de presse à La Chapelle Orthemale le vendredi 20 août nous avons présentée concrètement cette action, son importance mais aussi sa réalisation pratique ainsi que les résultats obtenus.

 

Une action de protection nécessaire et utile

Cette action de protection de ces deux espèces de rapace est importante car ce sont deux espèces particulièrement fragiles et menacées. Ce sont également des espèces protégées et leur destruction ainsi que celle de leur nid est un délit (art. L.411-1 du Code de l’environnement) susceptible d’une peine pouvant aller jusqu’à 3 ans d’emprisonnement et 150 000€ d’amende. Il est donc important de prévenir plutôt que de constater après coup la destruction de nid ou de jeunes. Ce sont aussi des espèces utiles à l’agriculture, véritables auxiliaires de culture, car leur régime alimentaire est très largement constitué de petits rongeurs, campagnols en particulier, mais aussi de gros insectes. Très souvent les agriculteurs contactés à ce sujet sont très sensibles à cette dimension.

Une action de longue haleine

La mise en œuvre de cette action requiert beaucoup de temps et de patience et  c’est aussi la raison pour laquelle elle repose en très grande partie sur des bénévoles. Elle comprend plusieurs étapes :

  • Repérage des nids

Ce repérage demande beaucoup de temps. Il nécessite de repérer les adultes et d’observer leur comportement. La présence d’un nid et de jeunes se signale par le retour régulier d’un adulte au même endroit ainsi qu’au comportement d’échange de proies entre adultes. Ce repérage se fait donc indirectement par l’observation de loin à la jumelle et à partir de lieux autorisés au public (routes, chemins communaux), sans jamais pénétrer dans les parcelles agricoles.

Certains comportements facilitent les recherches : d’une année sur l’autre ces couples de rapaces ont tendance à revenir nicher dans la même zone et une même une zone de nidification est assez souvent fréquentée par plusieurs couples entrainant une certaine concentration de nids localement.

  • Contact avec l’agriculteur concerné. Une collaboration utile et nécessaire.

Une fois les nids repérés il faut trouver l’exploitant de la parcelle via la mairie en général puis le contacter. Le contact avec l’exploitant consiste à lui expliquer la situation et l’enjeu et à lui proposer la mise en place d’une mesure de protection c'est-à-dire une « cage » placée autour du nid et le maintien d’un espace non récolté autour du nid de l’ordre de quelques mètres carrés. Avec l’autorisation de l’agriculteur nous pouvons pénétrer dans la parcelle et installer la cage de protection. La pose de la cage vise essentiellement à protéger le nid de la prédation car une fois la récolte réalisée, et malgré le maintien d’un périmètre non récolté autour du nid, il sera plus facilement repérable par un prédateur.

Il faut noter qu’en règle générale ces contacts se passent bien et même souvent très bien, les agriculteurs étant sensibles à cette protection. Dans un seul cas cette année cela s’est mal passé et malgré le recours à la police de l’environnement de l’OFB, l’agriculteur concerné n’a rien voulu entendre et a détruit 2 nids lors de la récolte. Indre Nature a porté plainte et la procédure est en cours.

  • Suivi des jeunes jusqu’à l’envol

Il faut bien sûr continuer  venir régulièrement observer l’évolution du développement des jeunes jusqu’à leur envol ce qui demande encore beaucoup de temps d’observation.

Bilan de trois années d’action busards dans l’Indre

Voici de façon synthétique le bilan de l’action de suivi busards dans l’Indre de 2019 à 2021

A noter qu’en 2020 en raison du confinement, un arrêté dérogatoire a été pris à notre demande par le préfet pour permettre aux bénévoles de se déplacer pour faire le suivi.

Année

Nombre de communes

Communes

Espèce de busard

Nombre de nids suivis

Nombre de nids protégés

Nombre de jeunes à l’envol

2019

3

Murs / Paulnay / St Lactencin

Cendré

6

4

14

2020

6

Murs / Fléré la rivière/ Argy/ St Lactencin/ Levroux/ Chézelles

Cendré

Saint Martin

13

9

21

2021

9

Villegouin/ Heugnes/ La Chapelle Orthemale/ Cléré du Bois/ Palluau/ Paudy/ Argy/ Murs/ Ménétréols ss Vatan

Cendré

Saint Martin

15

7

24

 

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