galegaLe mouvement de protestation des agriculteurs de fin janvier 2024 a mis en évidence la souffrance et le désarroi de la profession agricole dans son ensemble. Indre Nature, association de protection de la nature et de l’environnement, qui connaît bien les agriculteurs et agricultrices de l’Indre pour intervenir depuis de longues années au sein du milieu agricole départemental, affirme son soutien à leurs revendications pour un revenu décent et une juste reconnaissance du caractère essentiel de leur métier. Les agriculteurs sont les victimes d’un modèle économique les poussant à une intensification permanente de leur production au mépris de leur santé, de celle de la population en général et des équilibres biologiques. Le toujours plus de production pour des prix toujours plus bas, une concurrence étrangère à armes inégales, tirent sans arrêt leurs revenus vers le bas pour des charges de travail et financières de plus en plus lourdes. C’est ce système qui a conduit à la réduction par 6 du nombre d’exploitations agricoles en France depuis 70 ans. Dans ce système seuls les plus favorisés ou les plus chanceux survivent.


Malheureusement certains au sein de ce mouvement ont préféré prendre pour cible les réglementations environnementales, ainsi que celles et ceux qui s’efforcent de les faire respecter, administration et Office Français de la Biodiversité. Nous estimons que c’est se tromper de cibles. Les règlementations sur les pesticides sont faites pour protéger la santé de toutes et tous ainsi que celle des milieux naturels. Les premières victimes de leur utilisation en sont les agriculteurs eux-mêmes pour lesquels certains cancers sont reconnus comme maladies professionnelles !! L’arrêt ou « la pause » du programme Ecophyto est une grave erreur alors qu’au contraire son action devrait être amplifiée conformément au jugement du tribunal de Paris qui donne jusqu'au 30 juin 2024 au gouvernement pour respecter les trajectoires de baisse des pesticides.


L’encouragement à une agriculture forte consommatrice d’eau en facilitant la création de méga-bassines se fera non seulement au détriment de la santé des milieux naturels et de la disponibilité en eau pour les autres usagers, mais aussi au détriment de la grande masse des agriculteurs qui ne pourront pas en bénéficier. Ce type de solution très inégalitaire contribuera encore à l’élimination rapide d’un grand nombre d’agriculteurs alors que l’aide financière et technique au développement de modèles de production agroécologiques économes en eau serait à l’inverse bénéfique pour tous les agriculteurs et de plus en plus nécessaire compte tenu de l’évolution climatique.


Il est aujourd’hui vain et contreproductif dans un contexte où les enjeux climatiques et de biodiversité vont devenir de plus en plus forts d’opposer écologie et agriculture. Il n’y aura pas d’avenir durable pour l’agriculture sans respect des équilibres biologiques, du sol, de la ressource en eau et de la biodiversité. Plutôt que de chercher à nous opposer cherchons plutôt à développer les actions communes répondant à la fois à des enjeux de production et d’écologie. Indre Nature sait le faire et l’expérience des actions menées en partenariat avec les organismes de développement agricole sur la mise en place des mesures agro-environnementales, certaines depuis plus de 10 ans, au plus grand profit des agriculteurs bénéficiaires en témoignent en Boischaut sud, dans la vallée de l’Indre, en Brenne ou à Chabris.


Au nom du Conseil d’administration d’Indre Nature
Le président
Jacques LUCBERT